JOUR 2

MATIN TÔT. Hayoun dans la pièce principale de sa maison, toute habillée déjà. Elle se prépare à partir au travail. Lent panoramique sur son intérieur, découpe de l’espace à travers les portes et fenêtres ouvertes. Elle sort et se plante les jambes écartées sur le porche, regarde le ciel. On la voit de dos, toujours depuis la pièce principale. Elle s’avance vers la terrasse et quitte le cadre. Hayoun sur la terrasse, de face, elle a l’air concentré et pas très gai. Elle est assise sur un petit banc de bois devant la maison, fait des mouvements avec ses jambes tendues, et répète silencieusement sa scène de Chungyang, tout bas, sans y mettre le ton, juste se rappeler le texte, son livret à spirale ouvert à côté d’elle. Elle y jette des regards de temps à autre. Son téléphone portable se met à sonner. Elle se lève rapidement et renverse sa tasse de thé par terre. Elle regarde la tasse renversée, hésite, se précipite à l’intérieur. Caméra cadre les gouttes de thé qui s’écoulent à travers les lattes du plancher de la terrasse, puis zoom arrière, Hayoun qui est sortie et s’est assise sur le banc sur la terrasse.

Hayoun (voix off)
Hé ! Bonjour grand-mère ! Comment vas-tu ?... Oui, ça va bien… Ca va mieux maintenant… Oui, je suis bien ici, c’est tranquille, c’est agréable. (…) Oui, et j’organise le travail comme je veux. En fait, je fais ce que je veux. (…) Il me cherche encore ?... Ah bon ? (…) Mais ça fait des mois... Il ne me trouvera pas, t’inquiète pas. (…) Non, il n’y que toi qui sache que je suis là… Non, vraiment, ne t’inquiète pas. Il ne m’arrivera rien… (...) Oui, je suis en train de l’apprendre. J’arrive au bout. Il me reste encore 6 mois pour préparer l'audition. Ca ira. Comment tu vas ? Ton dos ? (…) Tout va bien ? (…) Oui. Je ne sais pas, je croyais qu’il était parti en Chine ? Non ? Il est revenu. Ok, je vois. Je fais attention. (…) Bon, je dois y aller, c’est l’heure, je t’appelle bientôt. Oui, je t’embrasse aussi… Au revoir.

Hayoun se lève, met son portable dans sa poche, entre dans la maison, ferme la fenêtre, sort, ferme la porte, prend son panier à outils, sa veste, saute les marches et remonte la rue principale. De dos, elle répète sa scène en prenant de l’assurance, en parlant de plus en plus fort, elle articule scrupuleusement, comme un exercice, elle se met presque à crier.

Hayoun
Votre cœur s'est-il énamouré d'une belle femme ? Allez-vous épouser la fille d'un noble de Séoul ? Je vis avec ces mauvaises pensées jour et nuit.

Entre deux phrases, le grand silence du village Choseon. Elle disparaît au coin d’une rue, on continue d’entendre le son de sa voix après sa disparition. Puis le silence. Puis une phrase qui explose dans le silence, de la scène de Chungyang, hurlée.

Hayoun
Je vis avec ces mauvaises pensées jour et nuit.

MATIN TÔT. Youngha est assis sur la terrasse devant chez lui. Il a installé une petite table devant lui et il est assis sur un coussin. Sur la table, du thé et des gâteaux. Il lit un journal et prend tout son temps. De temps à autre, son regard plane au-dessus du journal, puis se rabat sur les pages. Le chien approche de sa maison. Ils se regardent fixement, sans réagir. Le chien hésite et approche encore un peu. Juste un pas de plus, il s’assoit et le regarde. Youngha détache un morceau de gâteau et le lance au chien. Qui s’approche, méfiant, sent le gâteau puis le mange. Il lui lance un autre morceau, et encore un. Puis il tend au chien du gâteau dans sa main. Le chien approche très lentement, méfiant, et mange le gâteau. Puis il lui lèche la main. Il caresse la tête du chien :

Youngha (voix dans sa tête)
Récit thérapeutique numéro deux. Résumé : Youngha est un idiot. Youngha est un idiot mais il a un chien fidèle, qui lui lèche la main… Qui lui apporte un peu de chaleur et pas mal de bave… C’est un gentil chien, qui a faim et qui cherche un copain… Youngha va essayer d’être gentil et compatissant. Youngha a besoin d'un copain aussi. C’est pas très naturel chez lui, mais il va faire un effort… Ca te va, vieux ?

Le chien termine le gâteau et s’éloigne. Youngha, en arrière plan, le regarde partir avec un sourire.

MILIEU DE MATINÉE. Travelling marché du soldat français qui continue d’arpenter les ruelles du village Choseon. Le chien jaune le suit, on le voit quand le soldat se retourne. Il ne réagit pas à la présence du chien, il fait comme si c’était naturel. Il continue de causer dans sa tête. Il marche moins vite, il est fatigué. Comme s’il avait marché toute la nuit. Il titube.

Le soldat
Où ils sont cachés…? Ils doivent bien se cacher quelque part… C’est vieux ici… C’est tout pourri… Les salopards, y m’ont oublié… Y m’ont oublié ou quoi ? (Un bruit. S’immobilise.) Y’a quelqu’un ? (Marche sur un truc qui fait du bruit) François1, c’est toi ? Merde alors, François… Tu m’as pas abandonné quand même… Je sais pas ce que je fais là ! Depuis quand je suis là…?

Le soldat s’arrête, regarde devant, derrière, devant, derrière. Fais quelques pas en avant, puis fait demi-tour. Quelques pas en arrière. Ne sait plus où se diriger. Un silence pendant ce temps. Le chien passe devant lui, s’assoit, le regarde. Le soldat regarde le chien, qui se lève et fait quelques pas dans sa direction. Puis se rassoit. Regarde le soldat. Le chien fait demi-tour, quelque pas, et regarde le soldat. Puis recommence. Quelques pas, regarde le soldat.

Le soldat
Bon d’accord. Je te suis…

Le chien avance lentement. Le soldat reste à distance. Le chien arrive devant une maison dont les fondations ménagent un espace sous le plancher et y entre. Le soldat entre aussi et explore l’endroit. Il trouve des cartons empilés, tout un fatras de trucs usés, un vieux matelas, des casseroles brûlées. Il commence à se fabriquer un abri avec les cartons et le matelas. Le chien le regarde faire. Le renifle un peu.

Le soldat, tout en bricolant
Toi t’es un bon chien. Un éclaireur. Oui, un bon chien… Là, je suis tranquille. Je vais pouvoir les attendre. François, il va pas m’abandonner. Faut que je me retrouve. Je suis un peu à l’ouest… Donc, je suis arrivé quand ? (s’immobilise) : la veille de Noël. Oui, c’est ça, la veille de Noël. Bon. Je suis resté au camp, quoi ? Une semaine ? Oui, une semaine. Donc ça fait jusqu’au 1er janvier. Une semaine. Ca fait jusqu’au 1er janvier. Quelle année ? 51 ? Oui, 51 je crois. Et après, qu’est-ce qui s’est passé ?...

S’assoit, regarde fixement devant lui, et s'adresse au chien :

Le soldat français
Qu’est-ce qui s’est passé ?...

MATINÉE. Elle arrive dans le quartier européen. Elle a branché des écouteurs sur son téléphone, qu'elle a place dans la poche de sa veste. Elle est seule au milieu des rues vides. Elle danse et chante un peu sur la musique de son téléphone. Elle entre dans une maison, on la voit de face, derrière une vitre (caméra à l’extérieur). De son panier d’outils, elle sort des chiffons blancs et un vaporisateur puis, regardant la vitre, semble hésiter sur la conduite à tenir. Finalement, elle pulvérise 9 jets de produit nettoyant, sur 3 lignes superposées, bien alignées verticlement et horizontalement, puis elle relie les différents points entre eux avec son chiffon, avant d’exécuter des mouvements circulaires de plus en plus grands avec le chiffon à partir du centre. Gros plans sur ses gestes, précis, élégants.

Elle sort de la maison et passe de l’autre côté de la vitre, et nettoie la face extérieure (on la voit de dos / caméra toujours à l’extérieur), projette le produit de la même manière. Elle entre à nouveau dans la maison et elle regarde le résultat de son travail. Elle examine les grandes traces qui apparaissent à la surface du verre, repasse dessus avec son chiffon. Elle observe attentivement la surface de la vitre en se penchant à droite et à gauche. Satisfaite, on voit un sourire se former sur son visage.

Caméra dans la maison : elle s’assied par terre, le dos au mur, et contemple la vitre en chantonnant un peu. Elle note des choses dans son carnet. Puis elle sort et monte s’asseoir au soleil sur la terrasse de la maison avec son livret et, adossée au mur, elle articule tout bas sa scène de Chunhyang, en faisant de grands mouvements avec sa bouche. Elle parle de plus en plus fort. Elle se relève et mime la scène avec de grands gestes emphatiques.

Le nouveau gouverneur m'a demandé de le servir.
Mais je lui ai désobéi et il m'a fait battre sauvagement.

Elle s’y croit de plus en plus. La caméra s’échappe sur les toits des maisons avoisinantes, qu’elle longe quelques temps.

Bientôt, je serai morte.

On entend en off les sons des touches de son téléphone. La caméra s'attarde sur le paysage.

Hayoun, voix off
Bonjour Grand-mère, c’est moi. Comment tu vas ? …. Oui, ça va….
Je fais une pause… Ah oui ? (…) Qu’est-ce qu’on peut y faire grand-mère ?
Il a dû recevoir les papiers du divorce. Il va s'y faire. J’espère
qu’il va finir par m’oublier… (…) Oui, je sais, il se sent humilié,
mais j’y peux rien... Oui, excuse-moi, je sais que tu sais.
Tu es même drôlement bien placée… Heureusement que je t’ai sinon,
j’aurai peut-être pas eu le courage de partir. Et Maman ?... (…)
Oui, je m’en doute un peu… Non, je ne lui en veux pas,
mais c’est ma vie, pas la sienne. Je ne vais pas lui donner
ma vie à elle aussi… (…) Oui, je sais…. Bon, merci grand-mère.
Prends soin de toi. Et merci pour ton soutien… Je t’embrasse, (…)
Oui, oui, à bientôt…

MATINÉE. Youngha est en train de tailler la haie qui borde le village. Cadre juste au-dessus de la haie, qui lui coupe la tête et les épaules. Les déchets tombent à terre, près du panier qui contient ses outils. Il ramasse les déchets et les jette dans un sac plastique. Il se relève, se prend le dos à deux mains, s’étire, se penche au sol pour gratter encore un peu, arracher des mauvaises herbes, se redresse. Le cadre reste inchangé. Il nous tourne le dos, il regarde au-delà de la haie, quelque chose qu’on ne voit pas. On sent qu’on est au bord du village.

Youngha sort du cadre par la gauche et s’éloigne avec son panier. La caméra le suit lentement en panoramique DG, avec un petit temps de retard. On découvre alors le reste du paysage, au-delà du village Choseon, qui apparait : le bateau de corsaire, la reconstitution de la Joint Security Area2, avec les bâtiments de l’ONU, le bâtiment du Nord, la piscine. On le voit passer à gauche de l’image, derrière le bateau de corsaire, Il remonte l’allée vers le bâtiment du Nord. Un défilé de touristes traverse le champ. Bruyants, ils commentent en français tout ce qu’ils voient, tout en suivant leur guide.

Voix du guide en français (accent coréen et haut parleur)
Comme la plupart des sites que nous avons déjà visités en Corée, les studios de cinéma Namyangju constituent un fier témoignage à la fois de la riche histoire et du brillant avenir de l’industrie coréenne du cinéma. Alors que ses musées et expositions témoignent des grandes réalisations de l'industrie cinématographique coréenne jusqu'à ce jour, l’odeur de la peinture et les coups de marteau sur les plateaux sont un rappel des multiples grandes productions encore à venir… Park Chan-wook a fait construire cette reconstitution de la Joint Security Area pour son film, comment dites-vous ? Epomine ? Eponyme ! Oui, c’est ça. Tout le monde connaît ce film ? C’est la premier film à ne pas considérer les deux Corées comme radicalement ennemies. JSA est sorti dans un contexte de détente, c’était l’époque du sommet de Pyongyang entre Kim Jong-il et Kim Dae-jung, en juin 2000….

Sa voix se perd au fur et à mesure où le groupe s’éloigne. Des bruits de voix indistincts, des rires. Lent panoramique qui se resserre sur le bateau, la piscine, la JSA…

MIDI. Le chien furète dans le village. Il trouve des restes de poulet dans un sac poubelle, qu’il dévore. On entend un moment ses dents broyer les os. On explore le reste du village Choseon en le suivant. Des bâtiments en chaume, des jardins, une maison japonaise, une petite forêt. La biche apparaît à l’orée de la forêt, brièvement, et le chien se met en arrêt. Il commence à avancer en rasant le sol, lentement. Le quatuor déboule soudain en criant, tous avec leurs vêtements de coton, à gauche du chien. Le quatuor se met en arrêt, regarde le chien, prêt à bondir. Le chien regarde le quatuor, la biche, le quatuor, puis s’élance à la poursuite de la biche, et le quatuor se met à hurler en le poursuivant et en lui jetant des pierres. Un cri de douleur du chien qui a reçu une pierre. Puis une autre. Il dévie de son chemin, s’enfuit et laisse s’échapper la biche dans la forêt. La vieille femme, restée en arrière, tombe et crie, et les autres s’arrêtent pour la secourir. Le jeune homme continue de courir après le chien, mais s’interrompt rapidement et revient sur ses pas. L’homme et la jeune femme relèvent la vieille femme, lui rendent sa canne qui était tombée, et l’aident à marcher. Travelling latéral derrière les arbres de la forêt, de l’intérieur de celle-ci : on suit un peu le quatuor qui s’éloigne, puis travelling arrière, à reculon, au cœur de la forêt qui s’épaissit.


MIDI. Youngha termine son repas, assis sur sa terrasse, une petite table devant lui, installé comme un pacha sur de nouveaux coussins. Il écoute la radio. Le chien arrive devant sa maison. S’assied au milieu de la rue, regarde Youngha, regarde autour de lui, regarde Youngha encore. Youngha tend au chien un petit morceau de viande. Le chien s’approche, s’assied, s’approche, en plusieurs étapes. Youngha pose un morceau de viande dans son assiette vide par terre, et s’éloigne un peu. Pendant que le chien mange, il entre dans la maison, en ressort avec une corde. Il bricole un nœud, s’approche doucement du chien qui mange, et tente d'attacher la corde autour de son cou. Il le caresse. Le chien secoue un peu la tête, puis de plus en plus fort. Youngha s'arrête et laisse manger le chien. Qui lui lèche la main.

Youngha (voix dans sa tête)
Récit thérapeutique numéro trois, je crois : son chien fidèle lui léchait la main, comme pour le réconforter… Son chien fidèle lui léchait la main, comme pour le réconforter, tu seras donc mon chien fidèle… Tu n’as plus le choix. Fallait pas venir me chercher…

Le chien termine de manger la viande. Youngha tente à nouveau d’attacher la corde au cou du chien. Mais le chien ne se laisse pas faire, secoue la tête et s’enfuit. A distance, il s’assied, tourné vers Youngha et le regarde. Un reproche. Youngha le regarde aussi, et laisse tomber la corde par terre. Le chien s’éloigne en trottinant.

Youngha, en criant en direction du chien
Tu t’appelleras John… Reviens quand tu veux… Tu es mon chien fidèle maintenant…

MILIEU APRÈS-MIDI. Youngha est sur le pont du bateau-corsaire. Accroupi, il cloue des planches, une caisse à outils près de lui. Les coups de marteaux résonnent sur tout le site désert, en écho. GP sur les planches en train d’être clouées, le marteau qui tombe régulièrement sur les clous. Les clous disposés en grilles parfaites de 3x3. Hayoun traverse l'espace devant le bâtiment du Nord. Les coups de marteaux produisent un écho qui se répand dans l’espace. Le temps entre les coups de marteau et leurs échos s’accroit et créé un rythme qui s’interrompt brutalement quand on entend un cri : Youngha s’est blessé avec le marteau. Hayoun s'immobilise et regarde dans la direction du bateau. Il semble qu'elle ne voit rien, elle reprend son chemin, puis ralentit, regarde une dernière fois dans la direction du bateau, puis tourne au coin et disparaît. Youngha de dos, sur le ponton du bateau, immobile, se tenant la main (zoom arrière). Il se lève et se tourne vers la caméra (contre-plongée). La caméra s’élève ensuite lentement et élargit son cadre : on commence à voir plus loin et, dans l’axe du regard, au fond le batiment du Nord, la JSA reconstituée, le bateau corsaire, et les autres batiments..


FIN D’APRÈS-MIDI. Hayoun rentre chez elle. Elle semble perturbée. Le chien arrive à sa hauteur et marche à côté d’elle, en descendant la rue. Elle lui sourit. Arrivée devant chez elle, elle dépose ses paniers et s’assoit au bord de la terrasse. Le chien la suit. Elle lui caresse la tête. Elle se lève et va chercher à manger au chien. Celui-ci la suit mais ne rentre pas dans la maison, il s’arrête devant la porte ouverte, puis retourne s’allonger sur la terrasse. Elle passe la tête hors de la maison et vérifie qu’il est toujours là. Elle sourit en le voyant allongé, très tranquillement. Elle ressort avec une assiette pour le chien et du thé pour elle. Elle s’assoit à côté du chien et réfléchit en buvant son thé. Le chien mange tranquillement, puis s'allonge à côté d’elle.

suite

FIN D’APRÈS-MIDI. Lent travelling gauche/droite en plan rapproché sur une haie de 6 jeunes arbres alignés, avec une petite mare qui sépare la haie en deux, 3 arbres d’un côté, 3 de l’autre. Un léger brouillard flotte au-dessus de la mare.

 

NUIT. Youngha se promène dans les rues du village Choseon. La nuit est tombée, pas d’éclairage dans les rues. Il marche lentement, on le voit en ombre, découpé par la lumière de sa lampe frontale. Il fait des effets de lumière en agitant la tête. Il murmure des phrases indistinctes et, en se rapprochant, on capte une phrase de son récit héroïque.

Youngha (voix dans sa tête)

Récit thérapeutique n°4. Que peut faire Youngha pour se soigner. Pour aller mieux ? Pour oublier sa catastrophe ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’il y a à oublier ? Rien ! Il y a juste à continuer d’avancer. Rien à oublier. Rien du tout… Youngha refait du cinéma, mais du côté du manche. Mais c’est toujours du cinéma. Youngha se refait une santé… Il s'occupe à des choses matérielles. C'est très bien comme ça.

Il fait demi-tour et rentre rapidement chez lui. Près de chez lui, il tombe sur des débris de la guerre. Il est stupéfait. Il les regarde longuement, sans d’abord oser s’approcher. Puis il va chercher son caddy à outils, le vide, dépose les débris dedans et rentre chez lui. Il laisse le caddy dans l'appentis, entre dans la maison, allume une lampe, la pose sur son bureau, et commence à écrire. Il écrit quelques lignes puis il s’interrompt, et se perd dans ses pensées. Il se couche et éteint la lumière.

NUIT. Le quatuor près du bateau de corsaire, une échelle de bois posée contre la coque. Tous les quatres sont vêtus en corsaires. Le père, sur le pont du bateau, fait la danse du sabre. La fille porte un bandeau sur l’œil, sa grand-mère un bandeau à l'autre œil. Elles encouragent le père et éclairent la scène du bas avec des lampes-torches. Le jeune homme grimpe à l’échelle, un sabre en plastique entre les dents. Il se joint à son père dans une danse délirante, les deux femmes se mettent à chanter à tue-tête une chanson pour rythmer leur danse. Lorsqu'ils sont épuisés, les deux hommes extirpent à l'aide d'une corde un gros coffre en bois à ferrures de métal des cales du bateau. Il le tirent au bord du bateau, près de l’échelle. C'est une sorte de coffre à trésor. Les deux hommes passent deux cordes autour du coffre, et entreprennent de le faire descendre au sol. La manoeuvre est rendue difficile par le poids du coffre, qui a l’air très lourd. Puis les deux hommes hissent le coffre dans la charrette. De temps en temps, l’un ou l’autre jette un coup d’œil alentours. La caméra les capte maintenant depuis la haie qui borde le village Choseon. La vieille monte dans la charrette à côté du coffre, et les 3 autres tirent et poussent la charrette, qui semble très, très lourde. Ils disparaissent par la gauche.

 

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1 Lieutenant-colonel Francois Borreill, commandant du bataillon français de l’ONU.

2 Réalisée pour le film éponyme de Park Chan-wook.